Un chemin pour apprendre à accueillir et à répondre à l’Amour

Je suis l’aînée d’une famille de 4 filles où la foi, l’honnêteté, la responsabilité et la solidarité sont des valeurs fondamentales. Mon père et ma mère forment, encore aujourd’hui, un couple très amoureux et soucieux du bien-être de chacun de leurs enfants. Cependant, les troubles bipolaires dont souffraient ma mère étaient sources de comportements difficiles à gérer pour la famille. 

J’ai grandi en apprenant à toujours rester sur mes gardes afin de ne pas être un facteur déclencheur de l’un de ces comportements et pour me protéger des souffrances que certains de ses mots et attitudes pouvaient engendrer. Il me semblait impossible de m’identifier à elle ni de pouvoir créer un lien de confiance avec elle car je me sentais attaquée par ses critiques sur ma façon d’être ou de me comporter. Je ne me sentais pas en sécurité émotionnelle et décidais très tôt, pour me protéger, de me détacher d’elle et de ne laisser qu’à mon père accès à mes vraies pensées et émotions. Peu à peu, résignée par l’impuissance ressentie face à cette situation, je devenais de plus en plus rebelle, le cœur rempli d’un profond sentiment d’injustice et de colère face à toute notre vie de famille qui était organisée autour d’une maladie que nous ne comprenions pas.

À l’âge de 15 ans, j’ai participé à une retraite charismatique où j’ai été touchée en plein cœur par l’amour venu tout droit des entrailles du Père : « Ephraïm ne m’a-t-il pas été un cher enfant? ne m’a-t-il pas été un enfant que j’ai aimé? car toutes les fois que j’ai parlé de lui, je n’ai pas manqué de m’en souvenir [avec tendresse] : c’est pourquoi mes entrailles se sont émues à cause de lui, et j’aurai certainement pitié de lui, dit l’Eternel » Jérémie 31,20. 

Mais à mon grand désarroi, malgré mon engagement au sein de l’église, je continuais à me sentir hypocrite et indigne du sacrifice de Jésus à la Croix. Je restais déchirée intérieurement par un besoin puissant et épuisant de plaire à tout prix et qui me conduisait à jouer au caméléon dans mes relations amicales et amoureuses pour me sentir acceptée, appréciée, aimée. Le peu de relations amoureuses que j’avais étaient chaotiques ou restaient au stade de la séduction, d’aventure sans projet. J’étais persuadée de ne pas être aimable. J’avais peur d’une trop grande proximité, d’être démasquée et reconnue pour la personne que je pensais vraiment être : indigne d’être aimée et incapable de répondre à l’amour ou à une amitié profonde. Est alors venu le temps des études, où j’ai profité, pour quitter le foyer familial avec pour projet de couper les ponts avec ma mère et de la rayer définitivement de ma vie.

Mais en lisant l’un des livres d’Andy Comiskey, j’ai compris qu’un autre chemin était possible et que je pouvais choisir de sortir de cet état de déchirement intérieur. C’est ainsi que je me suis inscrite au parcours proposé par TdV afin de ne pas être seule sur ce chemin et d’être entourée de chrétiens bienveillants.

En suivant les enseignements, les temps d’écoute et de prière proposés dans le cadre du parcours Torrents de Vie, j’ai pu recevoir et intérioriser l’amour inconditionnel de Dieu Père et sa façon toute maternelle de m’aimer. J’ai ressenti dans mon cœur le fait qu’il m’accepte telle que je suis et que j’ai de la valeur à ses yeux. Jésus a souffert et est mort pour que je sois en vie et pour que j’avance avec Lui ! Ces révélations m’ont aidé à avoir le courage d’apprendre à exprimer les besoins d’affection et d’amour que j’avais longtemps étouffés par peur de mes émotions et des blessures. J’ai commencé un cheminement de réconciliation et de vérité avec ma mère mais aussi avec moi-même. Je rends grâce à Dieu pour son Amour qui redonne le sentiment d’être et d’exister! Dieu restaure encore aujourd’hui les liens mère-fille qui étaient rompus. Ce sont des étapes importantes dans ma vie de jeune adulte, car j’aspire à construire des relations amicales saines et à fonder une famille. Au niveau de ma vie de chrétienne, Dieu me rend capable d’accueillir, de m’abandonner et de répondre à l’amour du Père. Je peux ainsi me mettre au service des autres gratuitement et non plus dans l’espoir d’être reconnue et aimée.